LE STYLE NAPOLÉON III

Les points forts de la période du Second Empire sont marqués par le décor et l’ornementation minutieusement soignés. Abondants et toujours d’une grande qualité, l’architecture intérieure du XIXème siècle fait la renommée des décorateurs de cette période. 

Les pièces maîtresses que l’on retrouve dans quasi-toutes les décorations Napoléon III sont : les cheminées, les miroirs, les torchères et les lustres. Le Second Empire est particulièrement marqué par les codes du luxe. Ainsi, on y voit une certaine reconnaissance pour les arts décoratifs et les artisans qui y sont associés comme Henri-Alfred Jacquemart ou encore Charles Christofle connus respectivement pour l’orfèvrerie et la sculpture d’ameublement. 

Le Second Empire pourrait se définir par le seul mot : « Richesse », richesse d’inspiration, de matériaux, de décors mais aussi de mélange des styles. 

Ce style se traduit également par des réalisations architecturales encore connues du grand public comme les bâtiments Haussmannien, le Bon Marché ou encore l’Opéra Garnier. 

Le mobilier Napoléon III s’inspire malgré tout de certains éléments issus de la période Renaissance, Louis XV ou Louis XVI. 

Parmi les matières prédominantes, on retrouve : les bois (noyer, acajou, palissandre, …), le contre-placage, le bronze doré, le cuivre mais aussi le papier mâché (pour les structures des chaises et guéridons). 

© Salon Napoléon III — Musée Magnin 

NAPOLÉON III, EMPEREUR DES FRANÇAIS

Napoléon III naît en 1808 à Paris. Prénommé Charles Louis Napoléon, il est le troisième fils de Louis Bonaparte (troisième frère de Napoléon Ier). 

À la suite de la chute de l’Empire en 1815, la famille Bonaparte est contrainte de quitter la France. La Reine Hortense choisit de vivre d’abord en Suisse puis en Italie, elle élève Louis-Napoléon dans la mémoire de l’Empire et dans le respect de la dynastie Bonaparte. 

En juillet 1832, le fils de Napoléon Ier meurt en Autriche. Et comme ni son père, ni son oncle ne veulent reprendre le titre : Louis-Napoléon devient alors l’héritier de la couronne impériale. 

Soutenu par les bonapartistes et fort de sa formation militaire, Louis-Napoléon tente à deux reprises de prendre le pouvoir par la force. Il échoue.

En 1840, le corps de Napoléon Ier (mort à Sainte-Hélène) est ramené en France pour être enterré sous le dôme des Invalides. Louis-Napoléon pense que c’est le bon moment pour réessayer de prendre le pouvoir mais il échoue une nouvelle fois et, est condamné à la prison à perpétuité.  Il s’y évade en 1846 en profitant des travaux de sa cellule pour s’échapper. Il se réfugie à Londres.  

Une révolution fait tomber la monarchie en 1848. La Deuxième République est établie avec à sa tête un président de la République qui doit être élu au suffrage universel masculin (de plus de 21 ans). Louis-Napoléon remporte les élections à 74% des voix. 

En 1852, Louis-Napoléon demande aux français un retour au régime impérial, ce serait alors le Second Empire. Avec un nouveau plébiscite favorable, il devient l’Empereur Napoléon III. 

Napoléon III fut un Empereur aux intentions modernes. Il s’est toujours intéressé aux questions sociales, à la pauvreté et au chômage, à l’éducation, à l’économie. Il se préoccupe de l’essor de l’agriculture, de l’industrie et du commerce, en encourageant la création des banques comme le Crédit lyonnais ou la Société générale qui existent toujours. 

Napoléon III engage aussi de grands travaux pour améliorer la vie dans les villes. Avec le baron Haussmann, préfet de la Seine, l’Empereur transforme Paris : de nouveaux grands boulevards et de somptueux immeubles. 

LA DÉCORATION SOUS NAPOLÉON III

Cette décoration naît au cours de l’industrialisation française, du progrès technique et de l’art industriel. Le mobilier en fonte fait son apparition et permet sa démultiplication grâce aux avancées industrielles. Le Second Empire cherche à allier progrès et innovation avec tradition et historicisme. Ce phénomène se caractérise d’ailleurs par la « crise du modernisme » incarnée par le Romantisme du XIXème siècle.  

Le style Napoléon III est principalement caractérisé par une exubérance de formes, une profusion de motifs et un naturalisme avec la représentation de formes humaines. Que l’on retrouve d’ailleurs chez le sculpteur Carpeaux. 

Pratiquant elle-même l’aquarelle, la princesse Mathilde (cousine de l’empereur) a beaucoup soutenu les activités artistiques qui, selon elle, méritait d’être collectionné. 

À cette époque, l’État mène une grande politique d’achat et passe commande auprès du Salon (exposition de peinture et de sculpture). Celui-ci deviendra d’ailleurs la Société Nationale des artistes français. 

À la fin du Second Empire, la Société Nationale des Beaux-Arts voit le jour et l’Empereur soutient les Expositions Universelles tout au long de son règne. 

RECONNAÎTRE UN MEUBLE NAPOLÉON III

Présent principalement entre 1852 et 1870, ce style propose des techniques bien à lui. On peut le reconnaître : 

À son bois : bois sombre ou laqué noir, exotique, teinté ; beaucoup d’incrustation de nacre, d’écaille ou de cuivre.

À son piètement : pieds cambrés style Louis XV pieds cannelés ou parfois pieds à balustre.

À son ornementation : moulures découpées, chinoiseries, rocailles, feuilles d’acanthe.

Au-delà de ces techniques précises, certains meubles sont propres à cette période :

Les sièges capitonnés

Les fauteuils

Le canapé

La chauffeuse

Le confident

Le pouf rond

Les guéridons

Les buffets

Mais aussi des petits objets comme la bibliothèque tournante, les jardinières ou la vannerie

LES APPARTEMENTS DE NAPOLÉON III AU MUSÉE LOUVRE

Retour en 1861 dans les nouveaux appartements du ministre d’État. L’Empereur a réservé pour son ministre une partie de la nouvelle aile Richelieu : le premier étage côté cour. 

Le ministre dispose alors de ses propres appartements où il réside avec sa famille : des pièces de tailles modestes mais qui évoquent un intérieur bourgeois. À cette partie privée succèdent les grands appartements. L’atmosphère change : dorures, peintures, volumes et velours ornent salons et salles à manger pour offrir un cadre somptueux aux réceptions. Les fêtes font partie de l’art de vivre du Second Empire et il n’est pas rare d’y apercevoir le couple impérial. 

Près de 150 ans plus tard, on peut admirer ces décors conservés presque intacts. Après le ministre d’État sous le Second Empire, c’est au tour du ministère des Finances d’en profiter. Il en sera ainsi jusqu’en 1989. C’est à cette date que le Louvre devient entièrement un musée et c’est en 1993 que ces salles deviennent accessibles au public. 

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